TRACES : Processus et mises en formes, dans le développement et la thérapeutique
Un dessin, une écriture, une empreinte, un souvenir, une sensation, une émotion…
La notion de trace réveille en nous des représentations et des images diverses : elle nous touche dans l’intimité de ce que nous sommes, nous parle d’une façon parfois insaisissable, mais toujours affectée…
Dans les cadres thérapeutiques que proposent les psychomotriciens, mais aussi d’une façon plus générale tous les acteurs du soin, ce terme de trace se trouve bien souvent convoqué et utilisé sous différentes formes. Tour à tour évocateur mais mystérieux, délimité ou bien confus, ce mot (que nous avons ici choisi de décliner au pluriel) méritait à notre sens quelques éclaircissements et réflexions. Nous proposerons dès lors, comme fil d’Ariane pour ces journées, d’envisager ce que nous appellerons donc les traces, dans un contexte élargi et pluriel.
Bien que la tâche reste considérable, quelques pistes se dessinent déjà :
Tout d’abord la nécessité d’articuler cette notion à celle de processus, ce qui implique la prise en compte du développement de l’être humain et de la construction de sa subjectivité. La question de la trace reste ici intimement liée à ce « saut » qui, partant de l’éprouvé sensorimoteur, mène vers les domaines du psychique et du cognitif, mais aussi du côté des inscriptions symboliques et émotionnelles.
Ensuite, la possibilité de souligner les qualités des différentes traces, qui saisissent l’être dans son éprouvé. Leurs dimensions sont multiples : sensorielles (tactiles, visuelles, sonores…), motrices, émotionnelles, mnésiques, temporelles, spatiales, graphiques…
La perspective thérapeutique, elle, peut nous amener à considérer la question des symptômes et des traces restées en souffrance ou en manque d’élaboration. Au travers de la diversité de nos cadres de travail, il s’agira de voir comment le soin soutient leur émergence et leur inscription dans un mouvement créatif. Cette perspective nous rappelle aussi au passage, qu’il n’existerait certainement pas de trace en l’absence de relation à l’autre.
Enfin, ces traces peuvent continuer de prendre sens dans les liens qui se tissent, entre phylogenèse et ontogenèse, entre le développement de l’individu et celui de l’humanité : se dessine alors une perspective prenant en compte la place de la culture et de ses incarnations…
C’est ici à ce très vaste sujet de réflexion, que nous souhaitions vous inviter à penser ensemble et à nos côtés…
Marie-Alice DU PASQUIER page 6
Psychologue, Psychanalyste, Membre de la SPP (PARIS).
Je vais vous parler de la trace écrite, l’écriture, et des enfants qui sont en difficulté avec l’écriture, ces enfants qui « écrivent mal ». Mal écrire c’est produire une écriture qui est difficile à lire, désagréable au regard, voire choquante, souvent trop lente, parfois douloureuse, et source de désagréments divers.
Les réflexions que je vous propose sont issues de l’expérience qui nous est apportée par notre clinique et nos actions thérapeutiques, à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris, auprès d’enfants dont l’écriture défectueuse fait signe, et incline à porter l’indication d’un travail thérapeutique particulier. Ces enfants peuvent venir consulter pour la seule raison qu’ils écrivent mal, avec, en général, une demande instrumentaliste de la part des parents : « réparez-moi cette écriture ! ». Mais il arrive aussi que certains enfants qui nous consultent, pour leur écriture, arrivent vers nous après des périples thérapeutiques nombreux, rééducation, relaxation, psychodrame ou psychothérapie. Leur écriture a toujours posé problème, mais tout questionnement à son sujet a été négligé au profit d’autres troubles qui apparaissaient plus gênants, plus ostensiblement visibles, se présentant sous la forme de troubles du comportement, agitation, hyperactivité, manque d’attention, difficultés relationnelles, d’où ces prises en charges variées. Mais la souffrance de l’enfant ne s’est pas apaisée, ce dont témoigne la persistance de sa difficulté avec l’écriture. Et la demande de prendre en compte l’écriture intervient comme un dernier recours.
Charlotte MARCILHACY page 14
Psychologue clinicienne et psychothérapeute en Pédopsychiatrie à Gennevilliers (92230) - Docteur en psychologie, Analyste en formation à la SPRF, Ex. Chargée d’enseignement à l’Université Paris 13 - Villetaneuse.
Je souhaite montrer ici comment, outre ses déterminations neuromotrices et les conditions liées à son apprentissage, l’écriture est aussi liée chez l’enfant à la construction de son psychisme.
Acte moteur constitutif de formes progressivement articulées dans un discours, l’écriture aura à se dégager d’une motricité primitivement agie avant d’être pensée, autrement dit, à s’extraire de la prégnance corporelle et visuelle des premiers modes de représentation pour accéder à la représentation de mots. Elle gardera trace de cette première empreinte, le geste, expression prise dans le corps, restant étroitement imbriqué aux composantes plus affectives de la personnalité. Dans la clinique de nos consultations, le dessin est envisagé comme outil d’évaluation ou comme médiateur thérapeutique (Dolto F., 1982,1984 ; Lefebure F., 1993 ; Royer, J., 95 ; Haag G., 1996 ; Anzieu A., Barbey L., Bernard-Nez J., Daymas S.,1996 ; Vinay A., 2007). Même si ce dernier s’apparente aussi au verbal, ne serait ce qu’à travers le commentaire qui en est fait par l’enfant et qui permet au clinicien une certaine mise en sens, la particularité de l’écriture tient au fait que, à la fois manuelle et linguistique, elle se situe à la jonction du corporel et du symbolique. Trace singulière malgré son inscription linguistique, elle pourra traduire, dans son degré d’organisation et les caractéristiques de son tracé, certains aspects propres au climat psychoaffectif de l’enfant, dans les configurations normales voire, dans certains cas, pathologiques de sa maturation psychique (Marcilhacy C., 2006, 2007, 2009a, 2009b, 2011). Nous allons voir, à travers quelques exemples, de quelle façon le trait pourra constituer, chez certains, l’expression corporelle du trouble.
La compagnie Les Résonances composée de : page 22
Stéphanie BRIOLIN, psychomotricienne, Équipe Spécialisée Alzheimer de l’ADPEP 17
Juliette DIDIER, conseillère en développement social, danseuse (33)
Valérie LACAMOIRE, psychomotricienne-danseuse, Résonances, ITEP, cabinet libéral (Bordeaux 33)
Laurence RENAUD, psychomotricienne-danseuse, CMPP de l’ADEI à La Rochelle (17)
Céline ROBERT, musicienne, compositeur, psychomotricienne-danseuse (33)
Laura VERNIER, psychomotricienne, Équipe Spécialisée Alzheimer, SSIAD Santé Service Charente, (16)
Amélie YOLLIN, psychomotricienne-danseuse, IEM de l’AGIMC à Cenon (33)
Auteure principale : Laurence RENAUD - contact@les-resonances.fr
Compagnie Les Résonances - 147 av Salvador ALLENDE 33130 BEGLES
“La Traversée” est un spectacle de danse-théâtre proposé par des psychomotriciennes-danseuses en gériatrie. « Que reste-t-il quand on perd tout ? » Cette question est à la base du projet de création.
La pièce aborde les thèmes de la vieillesse, de la fragilité, de la rencontre… et puise son inspiration dans l’essence même de la vie. Des portes s’ouvrent chez le spectateur sur le souvenir, les sentiments, les émotions. L’objectif du spectacle est de tisser des liens sensibles entre danseurs et spectateurs dans l’espace et dans le temps. Il s’inspire de nos aînés et leur est destiné, nous sommes là au croisement du vieillissement, de la danse et du soin. ”La Traversée” est à considérer comme un véritable partage.
Odile FRAND & Françoise LORCY-CARRÉ page 28
Psychomotriciennes, formatrices.
INTRODUCTION
Dans l’actualité des pratiques de soin, se précisent une réglementation et de nouvelles contraintes liées à la demande d’une meilleure « transparence, traçabilité », de nos « interventions » : il est un devoir de laisser une trace écrite de nos rencontres avec les personnes que nous recevons pour un bilan, un suivi… pour constituer le dossier de la personne. Ce devoir d’écrire, qui n’est pas nouveau, certes, a pris une dimension toute particulière depuis la parution de la loi-cadre de mars 2002, et de tous les textes officiels qui ont suivi.
Le premier chapitre de cette loi, « Droit des malades et usagers du système de santé », inclut le droit à l’information par la consultation de son dossier. L’esprit du législateur est de :
De rendre le patient « acteur » de sa santé par une information sur son état.
D’assurer une qualité du soin et de la prise en charge de la personne : les traces écrites du dossier doivent faciliter la coordination des soins et du suivi, elles servent de transmission.
En dernière intention : (mais ne serait-ce pas la plus importante ?…) le dossier doit servir de support aux évaluations interne et externe des établissements et services :
Isabelle MOTEL-PICARD page 40
Psychomotricienne, CMP enfants, crèche et formation professionnelle (RÉGION LYONNAISE).
L’année dernière, en plein après-midi d’ennui dans une institution qu’il était temps que je quitte, nourrie par le vide je me lançais dans un mail enthousiaste à Béatrice Thiébo pour lui parler de mes réflexions sur la sensorialité. J’ai été alors flattée et joyeuse qu’elle me contacte mais aujourd’hui, à cet instant précis, devant vous, je préférerais bien qu’elle ait perdue ma trace… Mettre ma clinique en forme, écrire et discuter mes moments d’errance, de doute, de joies et d’évidence que je vis dans la rencontre avec des personnes en souffrance ou en questionnement me paraît bien difficile aujourd’hui !
Au travers de mes différents lieux d’exercices, voici une réflexion sur les « ateliers sensoriels » que je peux utiliser tant au niveau clinique auprès d’adultes qu’au niveau pédagogique en formation continue de soignants.
Je discuterai ce sujet par un regard sensible en complément de celui de ma collègue neurobiologiste non pas à travers les investigations cérébrales mais à travers les expériences que j’ai vécues.
Anne PEREIRA DE VASCONCELOS page 48
Chargée de Recherche INSERM, HDR. Laboratoire d’Imagerie et de Neurosciences Cognitives, LINC UMR7237, CNRS/UdS - 12 rue Goethe - 67000 Strasbourg.
Jean Christophe CASSEL
Professeur d’Université en Neurosciences, UdS. Laboratoire d’Imagerie et de Neurosciences Cognitives, LINC UMR7237, CNRS/UdS - 12 rue Goethe - 67000 Strasbourg.
1. Introduction
La mémoire, par sa capacité à convoquer des images d’un passé dans lequel nous ne sommes plus concrètement engagés et que nous ne percevons plus physiquement( 1), questionne et obsède l’Homme depuis des siècles, peut-être des millénaires. « Lorsque, sans la présence des objets eux-mêmes, on en possède la science et la sensation, alors c’est la mémoire qui agit » écrivait Aristote. La mémoire nous permet de nous représenter le monde, de le percevoir et de l’interpréter, de nous en construire des souvenirs, mais aussi de savoir, de croire, de décider, d’agir et de prédire les conséquences de nos actes. C’est encore la mémoire - et en particulier la mémoire épisodique ou mémoire dite « des souvenirs » - qui organise la rencontre du présent, du passé et du futur, en rendant possible ce qu’en 1972 le psychologue canadien Endel Tulving appela un « voyage mental dans le temps » (23). Ainsi, la mémoire a pour rôle de ramener dans le présent ce qui est dans le passé, mais aussi de préparer l’avenir en nous permettant de nous projeter dans nos actions futures. C’est donc la mémoire qui nous définit à chaque instant de notre temps, dans lequel nous glissons au gré d’un courant permanent (le présent) que nous pouvons à tout moment remonter (le passé) ou anticiper (l’avenir) mentalement. A la fin du 4e siècle après JC, dans le Livre X de ses Confessions, Saint-Augustin, pour qui la mémoire est comme « l’estomac de notre âme », rapporta déjà l’intuition qu’elle n’est pas qu’une fonction destinée à stocker et rappeler notre passé :
SOIN ET CULTURE page 62
Association La Licorne - 2 rue Danton - 92230 GENNEVILLIERS Email : upe@eps-rogerprevot.fr
Pour l’équipe de Soin & Culture :
Christiane BALANGER, secrétaire
Florence BROYER, coanimatrice atelier Danse et Arts Plastiques
Laurent DODIVERS, artiste plasticien
Docteur Claude LOUZOUN, responsable de l’action
Elisabeth MEUNIER, animatrice groupe accueil
Corentin SIGUIER, coanimateur atelier Imagine et groupe accueil.
Le Service de Pédopsychiatrie infanto-juvénile, la Protection Judiciaire de la Jeunesse, l’Education Nationale et l’Aide Sociale à l’Enfance ayant constaté l’existence d’impasses dans les prises en charge classiques pour certains adolescents et soucieux de ne pas abandonner cette « population à risque », ont initié un projet de partenariat d’action dans le Nord des Hauts de Seine.
Soin & Culture est né en 2003 de cette volonté commune. Des professionnels détachés des institutions partenaires et des artistes s’y retrouvent dans une unité de temps, de lieu et d’action et dans un mode de faire original : ateliers artistiques soutenus par un groupe d’accueil.
Béatrice THIEBO page 66
Psychomotricienne, Formatrice, D.U. en Psychopathologie du Bébé, Certification à la NBAS de Brazelton, (Unité Périnatale en Soins Précoces de SÉLESTAT).
A une période où le dépistage et l’évaluation de traces symptomatiques ou germes de troubles et signes de dysfonctionnements en tout genre concentrent beaucoup d’énergie et de moyens..., je vous propose d’élargir notre regard à la clinique de ce qui va bien ou mieux, et aux éléments qui pourraient contribuer à l’expliquer. En d’autres termes, je vous propose le fruit d’une réflexion sur la qualité de l’expérience, particulièrement celle du bébé. Elle est donc ancrée dans la clinique périnatale, faite pour ma part de la rencontre de nombreux bébés, et de leurs familles, ...bébés d’une grande diversité de profils, mais parmi lesquels des territoires communs se discernent au-delà de leur évidente singularité : des paysages relationnels tourmentés, des empreintes d’inadéquation et de dysfonctionnement certes, mais aussi des forces de vitalité insoupçonnées et de formidables ressources d’organisation... C’est un champ particulier en regard de ceux qui suivront au fil de la vie et dont on a entendu parler au cours de ces journées, ...le champ des expériences premières et donc des traces précoces qui constitueront « l’échafaudage dans le lointain »...
Daniel SIBERTIN-BLANC page 80
Professeur de psychiatrie de l’enfant, CMP, 1 avenue Voltaire, 54300 Lunéville
Festus BODY-LAWSON
Praticien hospitalier, Hôpital d’Enfants, CHU Nancy-Brabois, 5 rue du Morvan, 54511 Vandoeuvre-les- Nancy.
Louise DACQUI
Psychologue clinicienne, même adresse.
Morgane IMBAULT
Psychologue clinicienne (stagiaire) même adresse.
Quand les parents pensent que le temps est venu d’annoncer à leurs enfants qu’ils les ont adoptés, ils leurs apprennent bien souvent ce que ceux-ci savaient déjà depuis longtemps mais sous forme de traces sans souvenir ni mot pour le dire. Et c’est avec soulagement et gratitude qu’ils écoutent leurs parents dont leurs paroles donnent alors sens à des éprouvés jusque-là indicibles et impensables et les libèrent de la peur d’en parler comme de s’en parler à eux-mêmes. Leurs questions dès lors vont se montrer de plus en plus insistantes : sur l’identité de leurs « vrais » parents, sur la possibilité un jour de les revoir, sur les raisons de leur abandon, sur celles qui ont conduit leurs « nouveaux » parents à les adopter… Il faudra ensuite à ces enfants beaucoup de temps, des années de travail sur eux-mêmes avec d’inévitables moments de crise, avant de se résigner à n’obtenir que des réponses vagues, tronquées, voire des refus administratifs réitérés, ou rien car rien de leur histoire n’est connu.. D’autres, par contre, n’auront pas la même insistance, ou plutôt insisteront pour n’en rien savoir, préférant le silence aux vérités qui blessent. Mais pour les uns comme pour les autres le problème reste le même : parvenir à vivre néanmoins sereinement avec cette part à jamais manquante et énigmatique de leur identité.
Laurent TREILLET, Isabelle MECHLER, Marion RIEG & Nathalie ANNEHEIM page 88
Psychomotriciens, Pôle 8/9 du Haut-Rhin, Responsable de pôle Docteur F. Duval, Centre Hospitalier de Rouffach, 27 rue du 4ème R.S.M., 68 250 ROUFFACH.
La psychomotricité est au carrefour d’une multitude d’approches aussi diverses que complémentaires dont elle se nourrit. Cette diversité de points de vue est l’atout majeur de notre discipline. Nos expériences cliniques sont riches de sensations et d’émotions qui participent à l’évolution de la thérapie et à l’épanouissement du sujet.
L’exercice le plus difficile pour nous, psychomotriciens, est de conserver les atouts humains et relationnels que nous offre la mise en jeu spécifique de nos éprouvés psychomoteurs, tout en définissant et en objectivant nos approches avec rigueur.
Comme dans un orchestre symphonique, en milieu hospitalier, le travail pluridisciplinaire nécessite de s’accorder et de jouer la même partition tout en gardant l’originalité, les caractéristiques et le rôle de son instrument. Si dans l’équipe pluriprofessionnelle, le psychomotricien doit pouvoir s’inscrire à la fois comme un partenaire indispensable et unique, il doit également participer à la mise au point d’un discours clinique commun et recevable par tous les acteurs du soin. La reconnaissance des qualités de la psychomotricité et la défense de ses atouts thérapeutiques, mettant en jeu la sensori-motricité et l’affect, ne peuvent éviter cette élaboration.
Isabelle CAUT page 98
Psychomotricienne, Thérapeute en relaxation psychomotrice, (MELUN).
Dans le cadre de mon activité extrahospitalière, j’ai été amenée à rencontrer plusieurs personnes souffrant de ce qu’on appelle aujourd’hui un syndrome de stress post-traumatique.
C’est à dire qu’après avoir vécu un évènement (tels qu’une agression ou un accident) ces personnes présentent des troubles spécifiques. Elles revivent l’évènement en question (réminiscences), évitent les situations pouvant rappeler le trauma (évitement social) et souffrent de divers signes neuro-végétatifs (hyper vigilance, tension, trouble du sommeil, anxiété).
Cette problématique pouvait me sembler assez nouvelle par rapport à mon expérience professionnelle et le suivi de ces personnes par la médiation de la relaxation psychomotrice m’a posé d’emblée un certain nombre de questions :
Comment aborder un travail en relaxation psychomotrice qui puisse s’inscrire dans un projet thérapeutique ?
Que peut apporter la rencontre médiatisée par l’exercice du corps moteur, tonique et postural ?
Quel est l’enjeu des moments d’apaisement et de mieux être que le patient recherche ?
Jacky GARRONE page 108
Psychomotricien clinicien. Secteur de Psychiatrie Infanto-juvénile 06I06, Nice. Collège de Recherche en Psychomotricité (Co.R.Ps.)Site internet 16, rue de Orestis 06300 Nice - jacky.garrone@wanadoo.fr
Lors de nos séances de thérapie psychomotrice nous nous trouvons confrontés quotidiennement à l’évocation de ces héros sortis, non pas de l’imaginaire des enfants, mais plutôt des écrans de télévision, d’Internet ou de jeux vidéo. « Ca y est ! Je sais comment on fait les bébés ! Il suffit de mettre son Tamagotchi en présence d’un autre Tamagotchi », me dit ce garçon de 6 ans qui vient au CMP en raison d’un échec total au niveau scolaire et qui ne se départit jamais de son Tamagotchi. Il a un quotient intellectuel de 140 et il est censé ne pas savoir qu’il est issu d’une fécondation in-vitro. Ou bien, cet autre enfant qui saisit deux pistolets et me propose un « match à mort », mise en scène psychodramatique de la relation qu’il entretient avec son père, collé à l’écran de son vidéo-poker ou du jeu Call of Duty Black Ops.
Catherine FREMAUX-GUILLONNEAU page 118
Psychomotricienne. Centre Hospitalier Spécialisé. 85000 La ROCHE sur YON
Introduction
Je vais vous parler de l’utilisation du maquillage libre comme moyen de restauration de l’image du corps en thérapie psychomotrice. Mais, pourquoi cette médiation autour du visage ?
David LEBRETON, dans son livre : « Des Visages »(1), nous ouvre une réflexion très riche sur ce thème... L’animal, lui, n’a pas de visage ; Le visage, est donc ce lieu du corps qui marque notre condition d’homme ; Le mot visage, vient de « visus », qui signifie « ce qui est vu ». Le visage est, avec les mains, ce lieu du corps qui se donne directement à voir. Le visage est en effet la façade, exposée au regard de l’autre. Mais il est aussi visage intérieur, ouvrant sur la singularité et l’infini de l’autre.
Le visage est aussi ce lieu du corps qui condense tous les organes des sens ; il est donc le lieu privilégié de l’échange, et de l’expression des émotions.
Geneviève PONTON page 130
Psychomotricienne. Association Les Ateliers du CAMI SALIÉ (PAU). E-mail : gponton@wanadoo.fr
« Le vieillissement n’existe pas. C’est une façon de dire autre chose. Nous sommes prisonniers d’une idée qu’il y aurait un âge d’or de l’organisme. Quelque chose de formidable, à partir de là, tout ne serait qu’une lente dégradation. On dit qu’un homme est âgé, comme si avant cela il n’avait pas d’âge. Il ne faut pas parler de biologie du vieillissement mais de biologie du temps. Le temps, c’est de la déformation. Dans les individus vivants, le temps c’est essentiellement de la déformation.